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Une mobilisation regroupant de nombreux partenaires

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Toute la période couvrant les deux programmes LIFE correspond à un changement net dans la prise de conscience et la mobilisation des collectivités du bassin de la Dordogne, via leur regroupement à travers l’Etablissement Public Interdépartemental Dordogne, qui prennent alors le leadership de la défense de l’esturgeon. Elles tentent d’apporter un écho au travail des associations (ADES) jusqu’ici assez isolées, et de fournir les moyens aux chercheurs, tout en les aidant à cibler leurs priorités de recherche vers des sujets susceptibles de provoquer une meilleure mobilisation des gestionnaires (ouverture du travail vers la mer, bilans sur l’état des milieux naturels fluviaux et estuariens). Toutefois, ces années d'efforts n'apportent pas de solution satisfaisante pour la sauvegarde de l'espèce puisque la situation de sa dernière population sauvage continue inexorablement à se dégrader, avec des effectifs estimés alors à quelques centaines de géniteurs et subadultes en mer.
 
La mobilisation politique de certains élus, celle du sénateur Bernard Cazeau en particulier qui porte l’idée d’un plan européen et national, la prise de conscience par le monde de la pêche de la dégradation de leur image s’ils ne pratiquent pas une pêche responsable, ouvre quelques années plus tard un espace pour l’entrée en lice de nouveaux partenaires. Avec l'appui technique d’EPIDOR, de Irstea, de l’ADES et d’autres partenaires nationaux et d’autres pays d’Europe (IGB, World Sturgeon Conservation Society, Society to Save the Sturgeon, UICN), le WWF France porte le dossier au niveau international, conduisant notamment la France en 2005 à faire inscrire l'espèce en annexe I de la convention sur les espèces migratrices et à impliquer le Conseil de l'Europe à travers la convention de Berne, en vue de l'élaboration d'un plan de restauration européen qui sera adopté par les Parties de la Convention fin 2007. La même année, la Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, décide d'engager l'élaboration d'un plan national de restauration de l'espèce.  De son côté, le milieu de la pêche professionnelle, sous la coordination du Comité National des Pêches Maritimes (CNPMEM), se remobilise depuis 2006 pour limiter les mortalités par capture accidentelle des esturgeons sauvages. Les pêcheurs, informés sur le statut de conservation de l'espèce et sa protection, sont appelés à remettre à l'eau les individus capturés. Les autorités de la pêche, sensibilisées par les exigences européennes en matière de contrôle des pêches, doivent veiller au respect des réglementations en vigueur.
 
Depuis 2008, l'action du CNPMEM s'étend aux eaux côtières de nos voisins européens, en complémentarité et synergie avec des initiatives semblables prises par les pêcheurs belges, l’esturgeon ne connaissant pas de frontière dans sa phase marine.
 
Depuis début 2012, l'association MIGADO a en charge la conservation du stock d'esturgeon européens, la responsabilité des lâchers, et l'animation du Plan National d'Actions.
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Programmes LIFE

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De 1994 à 1997 puis de 1998 à 2001, deux programmes de recherche, de conservation et de sensibilisation, cofinancés par l’Union Européenne (L’Instrument Financier pour l’Environnement) et coréalisés par l'Etablissement Public Interdépartemental Dordogne et le Cemagref de Bordeaux permettent de réaliser un travail colossal sur l'espèce :
 
 
- amélioration des connaissances de sa biologie ;
 
 
- suivi de l’abondance et de la croissance de la population sauvage grâce à des campagnes de marquage et de recapture des esturgeons ;
 
 
- identification en vue de leur protection des sites potentiels de frai et des zones d'alimentation des juvéniles ;
 
 
- réalisation de campagnes de sensibilisation des pêcheurs (Opération "Atlantique Sturio");
 
 
 
- constitution d’un stock captif destiné à participer à de futures opérations de renforcement de population dans le bassin de la Gironde et de réintroduction sur d'autres bassins versants.
 
 
Grâce à deux géniteurs, une femelle capturée accidentellement par un pêcheur et un mâle capturé lors de campagnes d’échantillonnage par le navire l’Esturial, les scientifiques du Cemagref réussissent en 1995 une première reproduction artificielle donnant des alevins viables permettant un premier alevinage expérimental dans la Garonne et la Dordogne. Une fraction des alevins a été conservée pour contribuer au stock de futurs géniteurs, le lot étant partagé entre la station du Cemagref à Saint-Seurin sur l’Isle où ils sont nés et un institut de recherche, l’IGB, en Allemagne, pour limiter les risques et démultiplier l’effort de recherche. Cette génération artificielle (1995) et celle issue de la dernière reproduction naturelle connue du bassin (1994) ont été suivies de près par le Cemagref.
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Programmes de marquage-recapture

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Afin d'appréhender l'état de la population et améliorer les connaissances de l'écologie de l'espèce, une campagne de marquage-recapture a été entreprise en lien avec les pêcheurs professionnels du bassin girondin en 1983.
Sur la base des connaissances scientifiques de l'espèce témoignant des longues migrations des esturgeons européens, le dispositif a été complété par différentes actions de communication auprès des pêcheurs des côtes françaises susceptibles de capturer accidentellement le poisson.
 
 
Depuis le début du suivi de l'espèce en milieu naturel, ce sont plus de 5000 esturgeons qui ont fait l'objet d'un marquage avant d'être relâchés. Les zones les plus fréquentées par les populations juvéniles dans l’estuaire ont ainsi pu être déterminées de façon plus précise. Parallèlement, les scientifiques ont récolté des informations sur l’aire de répartition marine de l’esturgeon européen grâce aux déclarations de pêche accidentelle fournies par les pêcheurs, notamment sur des esturgeons marqués en Gironde. On sait aujourd’hui grâce à cela que cette zone s’étend dans l'Atlantique Nord-Est du Golfe de Gascogne à la Scandinavie.
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Historique de la conservation

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Le bassin de la Gironde constitue probablement depuis le début des années 70, le dernier sanctuaire de l'esturgeon européen. Les pêcheurs professionnels locaux, réunis au sein de l'ADES, ont à cette époque attiré l’attention des pouvoirs publics pour qu’une meilleure gestion de l’espèce soit prise en compte. Protégé intégralement en France depuis 1982, alors que les captures de géniteurs devenaient exceptionnelles, l'esturgeon européen fait depuis cette époque l'objet d'une attention des scientifiques pour comprendre sa biologie et tenter de maîtriser sa reproduction artificielle.
 
 
Afin d'évaluer l'état de la population girondine, un vaste programme de marquage a été conduit par le Cemagref avec l’aide de la pêcherie locale, entre 1982 et le début des années 1990. Ce travail s'est poursuivi jusqu’en 2003, dans le cadre notamment de deux programmes LIFE (1994 à 2001), avec l'appui du navire scientifique "l’Esturial". Ce programme de marquage-recapture s’est accompagné de campagnes d'information et de sensibilisation du monde maritime sur les côtes françaises devant contribuer à faciliter le retour des géniteurs sur les zones de frai. Cependant, compte tenu du niveau de fragilité atteint par la population et des multiples contraintes et inconnues qui accompagnent l'esturgeon au cours de son cycle biologique, ces efforts se sont avérés insuffisants pour stopper le déclin de l'espèce.
 
 
Des travaux de recherche ont été conduits, avant, pendant, et après les programmes LIFE, en bénéficiant des conseils de spécialistes étrangers et des possibilités d’expérimentation sur d’autres espèces d’esturgeon, pour développer des techniques de reproduction artificielle à partir de géniteurs sauvages, compte tenu de la rareté des reproductions naturelles. Cependant, le faible nombre de géniteurs et les difficultés d’élevage de larves n’ont par permis d’obtenir des larves viables avant 1995 malgré des succès reproductifs en 1981 et 1985.
 
 
 
L'esturgeon européen est considéré comme l'espèce de poisson la plus en danger en Europe, avec une seule et dernière population mondiale en Gironde. Pourquoi cette situation ? Les moyens n’étaient pas à la hauteur des enjeux, le territoire d’action insuffisant, tous les acteurs n’étaient pas mobilisés, la réglementation inégalement appliquée et respectée, tous les leviers n’étaient pas accessibles dans le seul cadre des programmes LIFE. Il fallait donc passer à l’étape supérieure, changer d’échelle, mobiliser le plus haut niveau de l’administration, obtenir des engagements nationaux et internationaux : faire émerger une véritable volonté politique à l'échelle de l’aire de répartition historique de l’esturgeon, avec un tournant à partir de 2005 grâce à une mobilisation élargie à de nouveaux partenaires en France et en Allemagne.
 
 
L'esturgeon est aujourd'hui au carrefour des préoccupations de politiques de conservation de la biodiversité et des milieux naturels aquatiques, de gestion de la qualité de la ressource en eau, et de gestion durable des ressources halieutiques. Il fait l'objet d'un plan de restauration européen depuis l’automne 2007 sous l’égide de la Convention de Berne.
La France a élaboré un plan d’action national dans le cadre de sa Stratégie Nationale pour la Biodiversité.
Le Plan National d'Actions s'appliquera de 2011 à 2015. En choérence avec le cadre de conservation et de restauration défini sous l'égide du Conseil de l'Europe, le plan national s'articule autour de 4 axes et 17 actions :
1- la conservation in situ de l'espèce : poursuite de l'information et de la sensibilisation du monde de la pêche, ainsi que optimisation de l'application de la police de la pêhce, en eau douce et en mer; contrôle de l'introduction dans le milieu naturel d'espèces d'esturgeons allochtones.
2- la protection des habitats estuariens et fluviaux et la libre circulation de l'espèce.
3- la conservation du stock de géniteurs ex-situ et l'élevage des juvéniles jusqu'aux stages nécessaires pour être aptes à être lâchés dans le milieu naturel.
4- la poursuite des efforts de recherche et la coopération internationale.
 
Ces réponses positives à une mobilisation de nombreux partenaires ainsi que les premiers succès des recherches en vue du soutien de la fragile population résiduelle ou de la création de nouvelles populations, marquent depuis quelques années un coup d’accélérateur dans la prise de conscience des pouvoirs publics. Celle-ci est encouragée par les succès consécutifs des reproductions artificielles suivies d'alevinages dans la Garonne et la Dordogne en 2007 et 2008. Mais l’esturgeon continuer à poser un formidable défi aux acteurs des politiques publiques, aux scientifiques, ONG, et pêcheurs pour le sauver : saurons-nous gagner collectivement cette difficile course contre la montre ?

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