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Esturgeons - Distinguons les espèces

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Deux espèces principales d'esturgeons peuvent être rencontrées sur le territoire français : l'esturgeon européen, l'espèce sauvage gravement menacée de disparition et strictement protégée, et l'esturgeon sibérien, une espèce d'élevage associée à la production de caviar et dont l'introduction dans les eaux libres est strictement prohibée. Les confusions entre les deux poissons peuvent porter préjudice à l'espèce en danger.

L'Esturgeon européen (Acipenser sturio) : Le Sturio est l'espèce sauvage migratrice, native d'Europe et de France où elle est strictement protégée depuis 1998 et 1982 respectivement. Il n'en existe aucun élevage commercial, et ne subsiste qu'une unique population, pour qui les parties basses de la Garonne et de la Dordogne constituent les dernières zones de frayère à travers le monde. La survie de chaque spécimen peut influencer l'avenir de l'espèce. Les géniteurs acquièrent leur maturité après 10 à 16 ans de croissance en eaux douce, saumâtre puis marine (zones côtières du Golfe de Gascogne, de Manche et de Mer du Nord). Un esturgeon capturé en mer est un Sturio. Piégé accidentellement au filet droit ou au chalut de fond, le poisson présente une bonne résistance à la capture, il doit être relâché quel que soit son état général (même mort) puis déclaré (cf. Consignes, procédure et participation).

Esturgeon européen - Le "Sturio", l'esturgeon sauvage
Menacé et strictement protégé, autochtone et migrateur (eaux douces et marines)

Esturgeon sibérien - Le "Baeri", l'esturgeon d'élevage
Elevé en aquaculture, en eau douce, échappé accidentellement sur de nombreux cours d'eau

L'Esturgeon sibérien (Acipenser baerii) : Le Baerii est l'espèce d'eau douce dont l'élevage piscicole, pour son caviar et sa chair, est soumis à réglementation stricte. Elle a cependant été introduite dans de nombreux plans d'eau fermés pour le plaisir des pêcheurs sportifs. Originaire de la Léna en Sibérie et élevé en France depuis une quinzaine d'années, ce poisson ne supporte pas les eaux marines. Malgré les échappements accidentels et illégaux de Baeri dans les eaux continentales françaises, au cours de la dernière décennie, aucune reproduction naturelle n'y a été observée à ce jour. Néanmoins, l'espèce est désormais recensée sur la plupart des grands bassins versants français. Seuls les pêcheurs continentaux et estuariens sont susceptibles d'en capturer (filet, nasse, drague, ligne, etc.). En cas de capture accidentelle d'un esturgeon sibérien dans les eaux libres françaises, ce poisson ne fait l'objet d'aucune protection particulière.

La différenciation morphologique de ces deux espèces est basée sur des critères de présence-absence et de nombre d'écussons ventraux, latéraux et dorsaux sur les individus. Néanmoins, elle reste parfois hasardeuse en milieu naturel. Aussi, en cas de capture d’un esturgeon en zone estuarienne, milieu au sein duquel les deux espèces peuvent ponctuellement coexister, il est essentiel de contacter les scientifiques du Cemagref au 05 57 49 67 59, après avoir relâché le poisson et noté certaines de ses caractéristiques (taille, poids, état général du poisson, présence et numéro de marque, etc.). Téléchargez la Plaquette de Distinction Sturio/Baeri

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Elevage de larves et alevins

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La mise au point de méthodes d’élevage, notamment de nourrissage, reste extrêmement délicate. Les travaux réalisés à ce jour ont permis d’améliorer singulièrement les techniques qu’il reste toutefois à affiner pour accroître leur efficacité et réduire leurs coûts.
 
 
L’élevage des larves jusqu’au stade d’alevins pouvant être relâchés dans le milieu naturel nécessite en particulier beaucoup de manutention et de surveillance. Le grossissement de ces alevins vers des stades reproducteurs exige enfin de l’espace et des soins quotidiens sur le long terme (12 à 15 ans) qui conduisent à envisager de nouvelles installations d’élevage, en France ou dans d’autres pays européens. La multiplication de ces installations vise notamment à réduire les risques : des accidents survenus il y a quelques années ont rappelé la fragilité du dispositif actuel, concentré sur un établissement accueillant en France la grande majorité des poissons disponibles. Si cette concentration apporte certaines garanties sur la conservation du stock difficile à partager en plusieurs lots en raison de la faiblesse des effectifs, elle exige cependant un effort de sécurisation absolue des installations, vis-à-vis notamment des accidents d’origine extérieure.
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Déversements d’alevins

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Le plan d’action européen préconise l’établissement d’une stratégie européenne visant à définir dans l’aire de répartition historique les bassins versants les plus prometteurs pour accueillir de nouvelles populations issues de reproductions en captivité. Cette stratégie doit s’appuyer sur l’identification, la cartographie et l’évaluation de l’état de conservation des habitats essentiels de l’esturgeon à l’échelle de cette aire de répartition historique, prioritairement sur l’Atlantique nord-est où l’esturgeon existe encore. Cette stratégie pourrait s’étendre à plus long terme sur d'autres régions d'Europe où l'espèce a disparu :
 
- la Méditerranée (en France restauration sur le Rhône où la présence historique de l'espèce est confirmée, sites Natura 2000 identifiés pour l’Esturgeon européen en Espagne, en Italie et en Grèce) ;
 
- le bassin du Danube (plan de conservation ou de réintroduction des 6 espèces d’esturgeons de ce bassin adopté par la Convention de Berne en 2005).
 
 
Cette stratégie devra s’appuyer sur des plans de gestion conservatoire par bassin versant, sous l’égide des autorités locales et en lien avec les partenaires publics et privés concernés. Ces plans de gestion devront intégrer des mesures de suivi de l’efficacité des réintroductions en milieu naturel, basées sur le marquage des poissons lâchés.
 
Les principales actions développées depuis 2007, première reproduction artificielle maitrisée, se sont orientées vers le déversement des jeunes sturio dans le bassin Garonne Dordogne, au niveau des frayères potentielles identifiées.
sites lâchers
Source : jego et al. 2009
 
Depuis 2011 une partie des larves produites est transférée en Allemagne, en partenariat avec l'IGB qui pratique des reintroductions dans l'Elbe.
 
Sur le bassin Garonne Dordogne, 1 800 000 larves ont été déversées entre 2007 et 2014, et 1 650 000 depuis le début du Plan National d'Actions. 50% des individus sont déversés en Dordogne et 50% en Garonne.
Les individus issus des reproductions artificielles sont déversés principalement au stade de larves de 7 jours, des juvéniles de 90 jours, et certains à un ou deux ans.
Des suivis, développés par le CNPMEM et les pêcheurs professionnels maritimes et fluviaux, et par Irstea, permettront d'optimiser les stades et les lieux optimaux pour la restauration de l'espèce.
juvenile sturio 3 mois . source MIGADO
 
Extrait d'une video de lâchers de juvéniles de 3 mois d'esturgeons européens (Acipenser sturio) - source MIGADO

http://youtu.be/eBMIr2tpRhQ.

 

 

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Allemagne

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L’esturgeon européen était abondant dans les bassins fluviaux de la Mer du Nord en Allemagne. C’était une espèce d’intérêt majeur pour le commerce dans le Rhin, l’Ems, la Weser, l’Elbe et l’Eider ainsi que dans leurs principaux affluents jusqu’au début du 20ème siècle. Son déclin a commencé dans les années 1870 dans la Weser et par la suite dans la rivière Stör, un affluent de l’Elbe. La dernière reproduction remonte à 1957 dans l’Oste. Les dernières captures en rivières ont été signalées en 1969 dans l’Eider et en 1972 dans l’Ems. Dans les eaux côtières, des prises accidentelles ont été notées jusqu’en 1994 avec la prise d’un poisson au niveau de l’île d’Helgoland.

L’esturgeon européen est strictement protégé par les Lois fédérales en Allemagne (Federal Nature Conservation Act & Nature Conservation Acts). Sa pêche est interdite par les Lois fédérales également. La vente et le transport de l’espèce sont interdits par décision ministérielle depuis juin 1976. Un seul site a été désigné en Allemagne dans le cadre du réseau Natura 2000 en raison de son absence des fleuves et de son extrême rareté dans les eaux marines territoriales.

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Acclimatation et conservation

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au début du programme de restauration dans les années 90, les plus grands specimens d'esturgeons européens capturés en mer, en Estuaire ou en fleuve pouvaient être amenés à contribuer à fournir des géniteurs mâtures ou potentiellement intéressants comme support d’une opération de reproduction en conditions contrôlées. Une logistique avait dû être mise en place pour assurer la réussite du transfert des individus vers les installations dee Irstea ou de l’IGB. Cela allait de l’information des pêcheurs susceptibles de capturer un esturgeon à la disponibilité des moyens de récupération des esturgeons. A l'heure actuelle, la récupération d'esturgeons européens dans le milieu naturel n'est plus d'actualité pour le moment. Des réflexions et des adaptations de stratégies pourront cependant intervenir à tout moment, selon les besoins du stock captif.

 

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